« Contexte »

Kelly Summers se laissa doucement glissée contre la porte de sa chambre. En elle, la colère et le désespoir se liguaient, destructeurs, dévorant jusqu’à la plus petite parcelle de joie que la belle ait pu ressentir un jour. La jeune femme avait beau lutter contre les larmes, les soubresauts qui secouaient son corps, rien ne faisait, et les premières gouttelettes ne tardèrent pas à passer la barrière de ses cils, rejointes bientôt par des centaines d’autres.

Elle n’avait jamais été forte, mais elle avait toujours fait semblant : avec sa grande gueule, ses rires sans fin, on la prenait toujours pour quelqu’un sans problèmes, heureuse… Et pourtant, ce soir là, il lui semblait que faire semblant ne lui était plus possible… Elle le savait, si les autres avaient connus la réelle « Kelly », ils ne l’auraient pas aimée… Non ! Elle ne riait pas toujours ! Non ! Elle était pathétique, égoïste, garce,… Loin d’être cette grande blonde pétillante pour laquelle elle se faisait passer ! Bien loin !

Alors qu’elle se redressait, titubante, la sonnette de son appartement retentit, diffusant la célèbre chanson « californication » dans la pièce. La belle ravala un sanglot, elle savait qu’elle ne pouvait montrer son désespoir, son malheur,… Elle voulait conserver le peu qu’elle avait parce que la solitude totale l’aurait détruite. Mais elle n’eut pas le temps de sécher ses larmes que la porte s’ouvrait violemment, laissant apparaitre Calliopée, son amie d’enfance, peut être la seule qui connaissait tout d’elle.

Ainsi, la nouvelle arrivée s’agenouilla à ses côtés, la réconfortant sans prononcer un mot. Et, quand enfin les pleurs se tarirent, elle se contenta de prononcer une phrase :

« Et si on s’en allait loin ? »

Chacun a déjà rêvé de tout recommencer à zéro, redémarrer sur le bon pied,… D’abandonner là tout les hypocrites, les mensonges, les faux semblants,… le passé ! De ne plus avoir besoin de faire semblant d’être quelqu’un d’autre ! Et si on vous en donnait la possibilité ? Myriade accueille toutes ses personnes qui voudraient oublier une période de leur passé, aller quelque part où on ne les juge pas… parce que chaque personne qui y atterrit est là pour cette même raison. Certes, tout n’y est pas rose : il vous faudra travailler, que vous soyez majeur ou non,… mais votre passé n’aura plus d’importance : vous pouvez même changer de nom si vous le souhaitez. La seule règle pour garder l’anonymat ? Ne pas mentir sur ce que vous étiez, ou poser de question sur ce qu’étaient les autres !

Mais, une règle tacite règne dans la communauté : méfiez vous de l'eau qui dort... Car tous ici ne sont pas aussi blanc que la neige... Ou alors une neige déjà souillée, piétinée... Ici vivent des personnes trahies, détruites, des êtres qui sont passées près du gouffre, qui ont plongé à cœur perdu dans la douleur, sans espoir d'en ressortir avant d'aujourd'hui... Oui, sachez que des âmes perdues peuvent très vite être manipulées par des êtres plus profondément mauvais encore,... rongés par la jalousie et la haine... Alors protégez vous, mais aussi les autres... Parce que dans tout les bons romans, l'amour ne vainc-t-il pas sa sœur la haine ?

• Bienvenue dans la ville d'où personne ne veut revenir •

Myriade

Kelly était assise sur la rambarde de son appartement, dans la haute ville, respirant à plein poumons l’air encore chargé des embruns. La belle pouvait voir de là toute la ville, notamment, plusieurs centaines de mètres plus bas, la plage où les vagues s’allongeaient avec lenteur.

Pourtant, en été, cette partie de la ville était sa favorite, des dizaines de jeunes s’y retrouvaient chaque jour pour surfer plus ou moins aisément, avant de boire un verre autour d’un feu précaire.

Depuis leur arrivée, quelques mois plus tôt, son amie Calliopée et elle n’avaient que pu s’émerveiller devant les splendeurs de cette nouvelle vie. Outre cette exaltation de savoir que personne ne les jugeraient pour leurs faits passés, il y avait la beauté et l’effervescence de la ville.

Comment Calliopée avait connu la ville restait un mystère, mais jamais rien n’aurait pu faire regretter à Kelly de l’avoir suivie.

Myriade était divisée en deux. En haut, la partie la plus ancienne de la ville, le centre historique, avec ses petites ruelles pavées, son cinéma à ciel ouvert, son théâtre qui accueillait si souvent des troupes d’amateurs, tellement pittoresque, ses maisons typiques et ses appartements qui ne ressemblaient à rien qu’elle n’avait connu précédemment : disparu ces blocs de béton grisâtres où fleurissait chaque jour de nouveaux graffitis ! bienvenue superbes bâtiments hauts en couleurs, chaleureux, originaux !

Et en bas de la ville, ahh… la partie qui regroupait à elle seule les raisons de vivre de tout les jeunes normalement constitués : la plage de sable blanc, les centre commerciaux regroupant tout ce dont on aurait pu rêver, le cinéma moderne, diffusant des films 3D impressionnants, un centre aquatique, des entreprises qui engageaient tous, sans demander recommandations ou CV,… et surtout des boîtes de nuits et bars pour des nuits endiablées, des danses sensuelles ou plus rock’n’roll.

Et puis il y avait la partie plus sauvage : la forêt et la montagne ! Oh ! Il n’y avait rien d’effrayants, juste des légendes anciennes de fées et autres créatures surgies de l’enfance : ce que personne n’avait vraiment de mal à comprendre vu la féérie du lieu ! Là bas, on avait installé des terrains de sport très fréquentés.

Non, décidément, jamais elle n’aurait pu repartir d’où elle venait. Qui aurait pu d’ailleurs ? Abandonner un paradis dans lequel on était anonyme, ou du moins dépourvu de passé et rumeur, pour retourner dans un enfer de mensonges et d’hypocrisies ! Jamais ! Elle n’était pas folle, ou du moins pas dans ce sens là !

INTERDICTION DE PLAGIER
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